La Grave autrement préservons la Meije

Collectif de préservation des milieux de vie du pays de la Meije

ENQUETE PUBLIQUE : conclusion

Du 19 décembre 2022 au 20 janvier 2023 a eu lieu une enquête publique concernant le projet de construction d’un 3ème tronçon de téléphérique sur le glacier de la Girose.

L’avis rendu est FAVORABLE au projet. Cependant le Collectif conteste fortement le mode opératoire…

Le lien vers l’enquête publique nous concernant et sa conclusion : https://lagrave-lameije.fr/siteMairie/enquetes-publiques/

Une enquête publique très partiale

Dans son récent ouvrage « Inutilité publique », l’historien Frédéric Graber présente le processus d’enquête publique comme une « machine à fabriquer le consentement, véritable outil de neutralisation des conflits, qui conduit dans une écrasante majorité des projets à un avis favorable ». L’enquête publique qui vient de se terminer à La Grave sur la construction d’un troisième tronçon du téléphérique en offre malheureusement une amère démonstration : « le projet permet au domaine de s’engager dans la modernité tout en préservant l’écologie », écrit M. Yves Larnaudie, le commissaire-enquêteur nommé pour l’occasion. Belle opération de greenwashing !

Un commissaire enquêteur ouvertement en faveur du projet !

Revenons un mois en arrière : lors de sa toute première audition publique le 20 décembre, le commissaire-enquêteur déclare tout de go à différentes personnes venues exprimer leur avis sa position personnelle en faveur du projet : « soyons sérieux, c’est un beau projet, il doit se faire ! ». Choquées par ce manque d’impartialité (un commissaire enquêteur est censé recueillir les avis, et non exprimer le sien), ces personnes adressent immédiatement plusieurs courriers de plaintes au tribunal administratif de Marseille, qui accuse réception et assure « prendre bonne note de ces remarques ». Le commissaire-enquêteur semble d’ailleurs assumer cette position personnelle qui transparaît largement dans son rapport…

Malgré un service minimum en termes de communication (absence de possibilité de consulter les contributions en ligne par exemple), 529 avis ont été déposés ou envoyés au commissaire enquêteur, émanant à la fois d’habitants du territoire, mais aussi de touristes amoureux du territoire et usagers du téléphérique qui pointent l’inutilité du projet. Probablement gêné par ce « succès » (“le grand nombre de mails reçus ne permet pas de tous les retranscrire dans mon rapport”, avoue-t-il – il est vrai qu’il est si difficile de faire des copier-coller…), ledit commissaire enquêteur déclare lors de sa toute dernière audition publique « qu’il ne retiendra que l’avis des gens de La Grave » ! Cette posture honteuse est à nouveau dénoncée au tribunal administratif de Marseille (sans réponse à ce jour), et pose la question de la définition des « gens de La Grave » : ceux qui y paient leurs impôts, qui y votent, qui possèdent un bien, résident principal, secondaire, saisonnier ? Comment l’a-t-il vérifié ? Cependant, ce tour de passe-passe est utile : parmi ces « gens de La Grave », la plupart des contributions sont en faveur du projet. Pourquoi ? Parce que de nombreux opposants nous ont avoué rechigner à s’exprimer directement (les contributions sont publiques et nominatives), par peur pour leur image, ou même pour leur emploi ; il nous a été rapporté que certains employeurs du village, favorables au projet (et c’est tout à fait leur droit), auraient demandé à leurs salariés d’aller déposer une contribution en faveur du projet… Les statistiques figurant dans le rapport sont d’ailleurs éloquentes : si l’on prend l’ensemble des contributions à l’enquête publique, on obtient un avis partagé à 50/50, si l’on ne retient que “les gens de La Grave”, cela devient d’un coup 75% en faveur du projet… On peut relever ça et là d’autres incohérences dans ce rapport : par exemple, certaines contributions figurant en pièce jointe d’un mail n’ont pas été ouvertes, seul le corps du mail ayant été “analysé”…

Quelle suite à donner ?

Si nous n’avions malheureusement aucun doute sur cette conclusion finale, elle ne veut pas dire que le chantier va démarrer : il reste plusieurs étapes administratives, et nous nous apprêtons à saisir la justice qui remettra certainement de l’ordre suite à cette triste mascarade démocratique. Rappelons tout de même que le rendu en septembre dernier de la phase 1 de l’étude que nous avons fait conduire par des cabinets indépendants a démontré la non-sens économique et touristique de ce projet ! D’ailleurs, les chiffres de prévisions économiques figurant dans le dossier du permis de construire sont encore inférieurs à ceux obtenus par notre étude (c’est-à-dire plus de deux fois inférieurs à ceux présentés publiquement en 2020 !), ce qui sous-entend que la SATA sait que ce projet n’est pas viable en soi (confirmé par les propos du maire de La Grave dans la presse suite au rendu de notre étude : « je n’y apprend pas grand-chose de nouveau »), et ne sera rentabilisé que par des opérations de promotion immobilière sur le village. Rappelons aussi que la construction du futur téléphérique détruit l’habitat d’une espèce botanique protégée au niveau national (alors que la loi prévoit qu’un « intérêt public majeur » doit être démontré), l’androsace du Dauphiné, dûment signalée par les scientifiques y compris lors de l’enquête publique : le commissaire enquêteur s’improvise botaniste et se permet dans son rapport de contester la véracité scientifique et la probité d’une contribution de M. Sébastien Lavergne, chercheur au CNRS ! Enfin, quel signal la construction de cet appareil enverrait-elle, alors même que nous vivons l’hiver le plus sec et le plus chaud depuis 1964, à la suite d’un épisode hivernal du même acabit en 2022 et d’un été caniculaire ? 2023 est l’année du cinquantenaire du Parc National des Ecrins : quel cadeau serait le démarrage de la construction d’un téléphérique à 200m de sa zone cœur ?

Poursuite de l’étude pour un projet alternatif

Le Collectif la Grave Autrement poursuit quant à lui l’étude d’un projet alternatif à la construction du troisième tronçon (phase 2 de l’étude toujours confiée aux cabinets Montagne Conseil et Versant Sud Développement, et financée par différents mécènes et une campagne de financement participatif). L’étude connaît des difficultés, principalement du fait de la mairie de La Grave qui obstrue l’accès à la documentation nécessaire : nous avons dû saisir la CADA (commission d’accès aux documents administratifs) pour que nous soient fournis différents documents qui ne sont pas confidentiels : notamment le rapport d’exploitation du concessionnaire au concédant, dont les données sont indispensables pour échafauder des scénarios crédibles. Rappelons que le projet alternatif visera à conforter et améliorer l’existant, avec les deux tronçons du téléphérique qui constituent l’attractivité touristique majeure du territoire, tout en diversifiant l’économie (agriculture, artisanat, tertiaire) pour sortir progressivement d’une dépendance exclusive au tourisme et privilégier le bien-vivre sur le territoire. Cette phase 2 de l’étude sera présentée à l’automne 2023, conformément à ce que nous avions annoncé en 2020 lorsque nous demandions un moratoire de trois ans (qui, rappelons-le, n’a jamais été accepté). 

Pour aller plus loin : la page d’accueil Foire Aux Questions FAQ

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