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PROJET ECOLOGIQUE ?
Selon la SATG, filiale de SATA Groupe, exploitant le téléphérique de La Grave, le projet de 3ème tronçon (T3) serait un projet « écologique » parce qu’il présenterait un bilan carbone « négatif ». La réalité est malheureusement bien différente :
- la simple construction du T3 engendrera une quantité de CO2 équivalente à celle émise durant 12 années d’exploitation du téléski actuel ;
- quoi qu’il arrive, la vitesse de retrait du glacier est telle que la skiabilité du glacier ne peut être garantie sur les durées prises en compte dans le bilan carbone (18 ans), ce qui remet totalement en cause les conclusions de la SATG sur ce bilan, ainsi que les bases financières du projet présenté par la SATA ;
- les projections financières ne reposent sur aucun élément précis et démontré.
Le seul scénario compatible avec la nécessité de réduction des émissions de GES (gaz à effet de serre) que nous devons collectivement viser est celui de l’abandon immédiat de l’exploitation du glacier de la Girose, sans nouvelle infrastructure. Ce scénario pourrait aussi permettre de réaliser des économies de fonctionnement pour renforcer l’équilibre financier du téléphérique actuel et créer les conditions d’une vraie démarche de co-construction d’un projet de territoire pour La Grave.
Pour en savoir plus :
Dans son avis du 20 octobre 2022 portant sur le projet de construction du téléphérique de la Girose, 3ème tronçon des téléphériques de La Grave-La Meije (T3), l’Autorité Environnementale soulignait que le bilan carbone fourni par le maitre d’ouvrage du projet, la SATG, était largement sous-estimé. Il a donc été revu à la hausse.
Quand bien même on considèrerait comme pertinente la comparaison des émissions de GES du T3 avec celles du téléski actuel, il indique qu’il faudrait attendre 13 ans avant de pouvoir « amortir » l’impact carbone de la construction de l’infrastructure ! Dit autrement, cela signifie que pendant 12 ans, la construction et l’exploitation du T3 vont émettre plus de CO2 que le maintien de l’actuel téléski, déjà très polluant.
« Dit autrement, cela signifie que pendant 12 ans, la construction et l’exploitation du T3 vont émettre plus de CO2 que le maintien de l’actuel téléski, déjà très polluant. »
Uniquement sur ce point, on peut donc affirmer que le projet est incompatible avec la nécessité de réduire immédiatement les émissions de GES. Alors comment expliquer que ce bilan carbone est utilisé par les promoteurs du projet comme argument pour dire que le T3 est un projet « écologique » permettant même la « neutralité carbone » ?
Tout simplement parce que le scénario de l’arrêt du téléski sans remplacement par une autre infrastructure, qui serait le plus évident en terme de réduction des émissions de GES, a purement et simplement été écarté par la commune de La Grave et la SATG, pour deux raisons :
-D’une part, parce qu’on l’a vu plus haut, cela permet d’afficher un bilan carbone beaucoup moins défavorable, car le scénario de comparaison avec le T3 est celui du maintien et de l’adaptation du téléski actuel, scénario très émetteur en C02 . Seulement il y a un hic : la vitesse de retrait du glacier est telle que le maintien en activité du téléski actuel au-delà de quelques années est sérieusement remis en question, même avec des dispositifs de renforcement. Donc prendre comme point de comparaison le maintien de son exploitation pendant encore 15 ans est une aberration.
-D’autre part, et c’est la raison principale, parce que selon eux ce scénario laissant le glacier vierge de toute remontée mécanique signifierait que le téléphérique actuel (les deux premiers tronçons) serait déficitaire, et devrait donc fermer. Ainsi, dans cette logique, questionner l’intérêt du T3 équivaut simplement à vouloir la fermeture du téléphérique. Ce qui signifierait, toujours selon eux, « la mort de La Grave. » (voir note fin de texte) .
Néanmoins, on pourrait considérer sérieusement cet argument s’il reposait sur des éléments chiffrés précis, rigoureux, issus d’un débat contradictoire et démocratique. Or il n’en est rien. Aucun élément répondant à ces critères essentiels pour décider de l’avenir d’un territoire n’a été fourni jusqu’à présent, à part une simple affirmation : « il n’y a pas le choix ».
C’est la raison pour laquelle les habitants qui questionnent l’intérêt du projet de T3 n’ont eu de cesse de demander le partage des données chiffrées qui pourraient étayer cette affirmation. La commune et la SATG ayant refusé de transmettre les comptes-rendus annuels d’exploitation pourtant censés être publics, il a fallu effectuer de pénibles requêtes auprès de la CADA (Commission d’accès aux documents administratifs) pour finir par obtenir ces documents : ils ne contiennent aucun élément permettant de conclure à l’absolue nécessité d’une remontée mécanique sur le glacier pour maintenir la rentabilité du téléphérique actuel. Pas plus que l’étude KPMG-ClimSnow financée par la Région, ou les chiffres de Finance Consult.
[…] ils (les CR de la SATA) ne contiennent aucun élément permettant de conclure à l’absolue nécessité d’une remontée mécanique sur le glacier pour maintenir la rentabilité du téléphérique actuel.
D’après l’ancien maire de La Grave, Jean-Pierre Sevrez, le téléski représenterait « 23% du chiffre d’affaires du téléphérique de la Meije » (cf. interview du Dauphiné Libéré du 13/10/2023). D’où sort ce chiffre ? Personne ne le sait. On est d’ailleurs très surpris par cette déclaration, sachant que :
- le téléski du glacier n’est pas équipé de compteur de passage (cf. le compte-rendu annuel d’activité de la SATG),
- le forfait hiver est un forfait « tout compris », incluant les deux tronçons et le téléski pour le même prix,
- le nombre de jours d’ouverture du téléski durant la saison d’hiver est de plus en plus faible en raison des conditions météo et surtout des conditions d’enneigement qui vont en se dégradant (sur les saisons d’hiver 2017-2018-2019, le téléski a fonctionné 30 à 50% du temps d’ouverture du téléphérique, cf. les comptes-rendus annuels d’activité de la SATG),
- les personnes skiant à La Grave sont de bons ou très bons skieurs qui viennent pour les itinéraires free ride accessibles depuis l’arrivée actuelle à 3200, pas pour descendre une piste bleue de 300 m.
A ce stade rappelons les éléments suivants :
- le coût du projet est de 14 M€ minimum, dont 4 M€ d’argent public ;
- les estimations de chiffre d’affaires de l’infrastructure avec T3 fournis par la SATA dans l’étude d’impact reposent sur des biais flagrants et des hypothèses plus qu’optimistes (http://lameije-demain.fr/docs/Synthese_phase-1_etude_La_Grave_Autrement.pdf) : il y a un risque majeur que les coûts de fonctionnement du T3 ne soient pas couverts par la hausse attendue de la fréquentation, mettant ainsi en péril toute l’activité ;
- un recours en justice sur la délivrance du permis de construire sera examiné en 2024 ;
- mais surtout, la skiabilité du glacier, condition indispensable pour espérer une rentabilité selon la commune et la SATA, est très largement remise en question à court terme (complément à venir sur notre site).
« la skiabilité du glacier, condition indispensable pour espérer une rentabilité selon la commune et la SATA, est très largement remise en question à court terme. »
Tout cela ne mérite-t-il pas mieux qu’une affirmation sans preuve du type « nous n’avons pas le choix », reposant juste sur une « intuition de répartition des flux » ?
Il est temps que les débats puissent se tenir sur des bases saines et que toutes les options soient mises sur la table. Personne, y compris les opposants au projet de T3, ne souhaite la fermeture du téléphérique de La Grave. La vraie question, c’est comment conserver cette activité sans aller dans une fuite en avant qui est incompatible avec la réalité du retrait glaciaire, la baisse de l’enneigement, la préservation de la biodiversité et la réduction des émissions de GES. C’est dans ce cadre que peuvent être étudiés collectivement des scénarios alternatifs (techniques de maintenance innovantes, réaménagement pertinent de l’arrivée à 3200, vraie proposition sur l’accès et la pratique de la haute montagne, etc).
La seule conclusion que l’on peut donc tirer en matière de bilan carbone est que les réponses qui ont été apportées à l’Autorité Environnementale confirment une chose : le seul scenario bénéfique en termes de réduction d’émission de GES est l’arrêt du téléski existant et l’absence de nouvelle remontée mécanique sur le glacier.
Note bas de page : Tout cela ressemble à s’y méprendre au célèbre adage « sans le ski tout est fini » martelé depuis des années par le lobby du ski ; alors que le préfet coordonnateur de massif des Alpes a appelé récemment ce même lobby à faire mentir cet adage. Lien ici.
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